Le marché de l’art contemporain : un espace de construction de la valeur artistique

enchère art

Selon Marc-Arthur Kohn, un commissaire-priseur renommé de la place parisienne, il est incontestable que toute valeur marchande que l’on donne à un objet résulte d’une construction sociale. C’est d’ailleurs en grande partie le cas dans le monde de l’art. En effet, sur le marché de l’art la qualité de l’objet en tant que déterminant de sa valeur d’usage n’est pas immédiatement objectivable par le biais de propriétés matérielles, il est nécessaire que des acteurs sociaux certifient et valorisent le travail réalisé par l’artiste. L’analyse exploratoire des discours des différentes catégories d’acteurs impliqués, des positions qu’ils occupent et des valeurs directrices de leurs actions dans ce processus permet de comprendre quels attributs sont nécessaires pour qu’une œuvre ou un artiste acquière un certain statut sur le marché.

discussion

Quelques contributions théoriques

La théorie des champs sociaux de Pierre Bourdieu (1989), appliquée au fonctionnement et à l’autonomie du champ artistique, permet d’expliquer comment les positions des acteurs dans ce domaine peuvent structurer leurs pratiques et comment ces positions peuvent être hiérarchisées. Par le volume de capital acquis. La théorie de la domination de Pierre Bourdieu, selon notre commissaire-priseur parisien, apporte à cette enquête la nécessité de légitimer une œuvre par certaines valeurs ou canons dominants. L’innovation radicale pouvant être l’une des caractéristiques de l’art contemporain, elle ne peut être légitime que si elle est conforme au discours dominant ou si un nouveau discours de légitimation est produit par les acteurs dominants.

Sur la base de ce besoin de légitimation, la notion de convention autour de la valeur artistique est présentée. La construction de la réputation artistique et l’acquisition d’un certain statut sur un marché boursier sont directement liées à la construction sociale de cette valeur, c’est-à-dire à la légitimité dans le domaine artistique et à la coordination nécessaire pour la légitimer. L’articulation et la coopération entre les acteurs sont nécessaires pour donner une certaine valeur à une œuvre d’art. D’après le commissaire-priseur parisien Marc-Arthur Kohn, plusieurs catégories d’acteurs participent à cette activité coordonnée. Les galeristes, marchands d’art et les commissaires-priseurs ont besoin d’un espace pour exposer les œuvres qu’ils présentent à des acheteurs potentiels. Ils ont également besoin d’un groupe d’artistes pour réaliser ces ouvres. Les acheteurs sont essentiels au maintien des galeries et à leurs dépenses inhérentes. Les critiques produiront le discours public indispensable pour évaluer l’œuvre d’art, la positionner sur le marché et susciter son intérêt. Les visiteurs des galeries, même s’ils ne sont acheteurs, jouent un rôle majeur dans la diffusion de l’intérêt pour la galerie et les œuvres qui y sont exposées et peuvent les recommander à d’autres acteurs. Ainsi, dans ce monde artistique, ce sont les acteurs qui jouent un rôle de premier plan dans la création de valeur.

Le monde artistique étant une réalité où sont convoquées les valeurs de singularité, d’individualité et de particularité, il est plus difficile pour la sociologie de trouver des explications universelles et des catégorisations générales. L’analyse sociologique ne sera possible qu’en relativisant les systèmes de valeurs en jeu dans l’évaluation et la hiérarchie artistique, en acceptant leur coexistence et leur pluralité afin de donner lieu à l’analyse de chacun de ces systèmes de valeurs appelés par différents acteurs et à leurs médiations intersubjectives.

Cette hiérarchisation des valeurs et la création de différents statuts sur le marché de l’art contemporain seront le résultat d’un ensemble d’interactions coordonnées basées sur des conventions pouvant concerner la valeur de l’œuvre et de l’artiste. Selon Marc-Arthur Kohn, il nous est possible d’identifier certains éléments clés de la construction hypothétiquement la valeur marchande, fondée sur cette théorie de la construction de l’état du marché et la relation entre le prix et la réputation, la trajectoire, l’affiliation de l’artiste et capital social ou réseaux de relations.

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